Le samedi 21 septembre 2019, l’amour de la fratrie a triomphé sur une petite estrade à l’annexe de l’Eglise de Dieu Mont des Oliviers où les membres de la famille Philippe se sont fait interroger tour à tour sur la vie de leur frère, l’Evangéliste Bizert Philippe lors de sa soixante quinzième cueillette sur la terre des vivants. Soigneusement programmé pour retracer son existence, le remarquable événement d’automne s’est déroulé au-delà de l’espérance des organisateurs surhaussant ainsi son appartenance à la famille tout en mettant en valeur les principes de la vie de l’aîné qui a concouru au bien-être de ses cadets et benjamins.
Dans un arrangement scénique conçu pour l’occasion, les 250 conviés au dîner spécial d’anniversaire ont fait preuve d’appréciation que méritait l’homme dont la plupart d’entre eux n’ont connu jusqu’alors que pour sa vocation et sa conviction dans le travail de Dieu. Seulement ceux qui ont évolué en étroite collaboration avec lui savent que Bizert Philippe est un vrai serviteur de Dieu, un homme honnête et bienfaisant.
Entouré de ses sœurs Guerda, Immacula, Marie Carmel, Alberte et Alberta, de son jeune frère Pasteur Bertrand, de ses enfants Mario et Esther Philippe et de son neveu Jean-Philippe Veillard, on pouvait lire la joie qui sillonnait le visage du fêtard; un précieux moment qui ajoutait très certainement beaucoup de saveurs et de couleurs à sa vie. Mais nul ne saura qu’il avait au préalable tenté énergiquement de convaincre les siens d’annuler la fête-surprise qu’ils lui préparaient inlassablement. Toutefois, son effort fut vain. Mettre en valeur un membre considéré comme le pilier de sa famille est un bon moyen de lui témoigner sa gratitude et son respect. Et, on est plus enclin à fêter un anniversaire surtout quand tout va bien et la personne honorée est en bonne santé. On ne saurait laisser fuir telle occasion quand on se rend compte de la fragilité de l’homme face au revers incontournable de l’avenir. Donc pour la famille Philippe, ce serait le meilleur moyen de remercier Dieu pour ce frère qui avait si bien rempli son rôle pour voir épanouir les siens. Ordinairement, la personne qui se sent appréciée régénère de l’énergie au meilleur de sa forme et mène une vie beaucoup plus enjouée. D’ailleurs, le thème de l’appréciation traverse toute la Bible.
De ce fait, à travers une démarche empreinte de motivation et d’ardeur, les organisateurs sont parvenus à lancer une discrète invitation et ont fait usage de toutes les ressources possibles pour le décor, l’animation, la cuisine etc. ; quand bien même, la surprise s’ébruita. Et c’est après avoir écouté dans une ambiance chrétienne et relaxante les témoignages les plus révérés et authentiques en sa faveur, que l’évangéliste lui-même gravit la scène pour confesser comment l’un de ses proches collègues du ministère lui dévoila innocemment le secret de la fête.
Profil
Bizert Philippe naquit à la Croix des Missions le 16 septembre 1944 d’une famille de 14 enfants du couple Cicéron et Julia Douze – Philippe. Troisième enfant de la famille, il quitta La Plaine du Cul de Sac à 18 ans, entra à Port-au-Prince et fut admis au garage des Travaux Publics à l’apprentissage de la mécanique automobile. Là, il reçut une formation qui lui favorisa un large champ de connaissances pratiques en moteur, transmission, électricité et climatisation. Il maîtrisa parfaitement l’art de maintenir ou rétablir des voitures en parfait état de marche, non seulement au département des Travaux Publics, mais aussi durant son bref passage à la maison de voitures Luciani Bermann & Co. Il travailla souvent en autonomie et prouva ses compétences au rythme des évolutions fulgurantes qui ont marqué l’industrie automobile dans les années 60 jusqu’à devenir un ouvrier qualifié.
De 1964 à 1973, il fut employé à plein temps au garage de Robert Gaetjens, à la Société Haïtienne d’Automobile (SHASA) et au Département de la Santé Publique. Sa discipline salariale lui permit très tôt dans sa vie de suppléer à côté de son père aux exigences matérielles de la famille.
En 1974, il entra aux Etats-Unis avec l’unique objectif de travailler pendant 10 ans pour se préparer financièrement à l’achat du garage de Robert Gaetjens en vente à l’époque. Mais les conditions concurrentes à ses responsabilités le contraignirent de reconsidérer ses options. Comme tout immigrant, il débuta dans des positions assez méprisables à la manufacture avant d’accéder à la mécanique où il voulut faire preuve de connaissance en son métier pour y arriver. Là encore, ça ne mordait pas. Il ne s’attendait nullement à ce que la langue anglaise constituât un handicap capable de le renvoyer à l’a b c de la profession qu’il avait exercée dans les plus grandes maisons de voitures en Haïti. Et malgré sa rancœur, malgré son impatience, malgré son amertume, Il dut retourner jour après jour au boulot pour voir échoir son grand projet dans la banalité de minimes réparations des véhicules qu’on lui assignait.
Mais, dans sa souveraineté, Dieu dirige les événements de façon à stupéfier les gens. Dieu ne laisse jamais ses enfants à la dérive. Il a sa façon de chercher patiemment les siens pour les mettre à l’abri de l’ennemi. Et comme toujours, Il va réussir à ramener à Lui celui sur qui Il a jeté son dévolu, Bizert Philippe. Avant de laisser Haïti, Le Seigneur Jésus s’était fait introduire à lui à maintes reprises par son jeune frère Bertrand. Il avait fait la sourde oreille et resta impassible à l’appel du Maître jusqu’à ce qu’il ne pût plus courir. Dans l’impasse glissante de son vécu quotidien, il devait commencer par reconnaitre Dieu comme étant le Dieu véritable. Ayant réalisé que les choses tournaient en sa défaveur à travers la lutte constante dans laquelle il emboitait le pas, il commença à ruminer les paroles que lui prêchaient son frère Bertrand ainsi que ses bons amis Jean-Claude et Harry Oscar. Il courut chercher de l’aide auprès du Pasteur Hermann Charles que Dieu avait déjà placé sur son chemin. C’est ainsi que le 8 Avril 1975, Il accepta Christ comme son Sauveur Personnel et se développa aux pieds de ce pasteur à l’Eglise Pentecôte d’Elizabeth qui favorisa sa croissance spirituelle.
Le 19 Juin 1976, il épousa Joyce Michael, et de ce mariage naquirent 2 enfants Mario & Esther Philippe. Mais sa marche dans l’évangile se poursuivait sans relâche et avec rigueur. Il évolua comme prédicateur à l’Eglise de Dieu dirigée par le Past. Paul Ambroise et en 1979, il devint membre de l’Eglise Américaine d’East Orange dirigé par Past. Raab.
Après 11 années dans le ministère d’évangélisation, il expérimenta alors une nouvelle dimension de grâce et d’onction par la volonté de Dieu qui le conduisit de plus en plus vers le pentecôtisme. Il devint actif aux côtés des Hommes Missionnaires de l’Eglise de Dieu Mont des Oliviers et devint membre de ladite église en 1980.
En 1989, étant convaincu du potentiel de rentabilité d’un garage dont l’offre d’achat lui paraissait réelle puisqu’il y était employé et était témoin des rentrées de caisse de tous les jours, il en fit l’acquisition sans considérer le but pour lequel il a été choisi pour le ministère. Mais, il allait apprendre plus tard la plus grande leçon de sa vie. On ne choisit pas d’entrer dans le ministère comme on choisit une profession. Non. C’est Dieu qui s’en charge. Le ministère n’est pas seulement une vocation. Il est un engagement qui dure toute la vie. Il obtint par révélation que son appel dans la vigne du Seigneur ne dépendait pas de lui et que Dieu lui-même fût en charge. Il liquida le garage 4 ans plus tard en essuyant une perte colossale sans y tenir compte mais sachant cette fois que cette décision n’a pas été prise sans consulter le Seigneur. Choisissant la façon de répondre et d’obéir à cet appel, il décida de soumettre toute sa vie à Christ.
En 1994, Il s’envola vers l’Eglise de Texas pour y demeurer jusqu’en 1999. Il revint à New Jersey, et pendant son service à plein temps à Mont des Oliviers, il fut rappelé à l’Eglise de Texas en 2002 pour être consacré Evangéliste. Au cours de la même année, il reçut la main d’association des pasteurs et diacres de L’Eglise de Dieu Mont des Oliviers, c’est-à-dire une marque de pleine communion dans le service.
Dans sa carrière comme tel, il exerce son ministère en dehors de l’église vers les non-chrétiens et joue également son rôle dans l’église pour le perfectionnement des saints. Il a contribué dans la construction de plusieurs églises en compagnie des Hommes Missionnaires, notamment en Haïti, en plusieurs points de Etats Unis et à Saint Domingue. De Janvier 1990 à nos jours, il dirige Gethsémané, une émission à caractère évangélique diffusée à travers Radio Vérité, Radio Phare Internationale et Radio Olivier. A part ses activités d’évangéliste, l’Evangéliste Bizert Philippe a les yeux ouverts sur le maintien des bâtiments de l’église, il s’assure du maintien des véhicules de transport de l’église, et coordonne le programme d’alimentation de l’église, permettant ainsi de nourrir les membres les plus démunis de la société afin d’échapper au cercle vicieux de la pauvreté.
A 75 ans, l’Evangéliste continue d’exhiber une physique extraordinaire dans l’œuvre du Seigneur. Dieu à son tour continue à le fortifier pour les grains qu’il sème à travers le chemin qu’il emprunte avec son Seigneur. Dieu ne lui a pas appelé à être un chef de l’Eglise, et donc, l’autorité qu’il peut avoir ne réside pas dans sa personne ou dans son rang, mais dans la parole de Dieu qu’il prêche avec tant de hardiesse. C’est un travail noble dont on ne peut jamais mesurer la valeur. Beaucoup de choses auxquelles on peut se consacrer dans la vie sont, en fin de compte, pour utiliser le terme du roi Salomon, «vanité des vanités», c’est-à dire, sans valeur sur le plan éternel. Mais le travail de porter aux hommes perdus l’évangile qui peut les sauver, voilà un ministère «glorieux» ! (2 Corinthiens 3.6-9).
Fidèle Serviteur, votre travail n’est pas vain.