Le 31 octobre 1517, sur la porte de l’église du château de Wittenberg, en Saxe, un moine allemand affiche 95 thèses où il dénonce les scandales de l’Eglise de son temps. Sans s’en douter, Martin Luther jette ainsi les bases du protestantisme.
Animé par un génie certain et une grande intégrité morale, Luther puise son inspiration dans l’enseignement de Jean Hus, un réformateur tchèque brûlé à Prague un siècle plus tôt en 1415. Jean Hus lui-même avait été attentif aux sermons d’un contemporain anglais, John Wyclif.
Les uns et les autres sont révoltés par une hiérarchie catholique divisée et profondément corrompue, qui est devenue dédaigneuse au plus haut point du message de l’Evangile.
Ni les uns ni les autres n’entendent se séparer de l’Eglise, mais souhaitent seulement la ramener dans le droit chemin. Ce sera chose faite avec le concile de Trente, qui réformera le catholicisme sous la pression des protestants. Mais le concile viendra trop tard pour éradiquer les différents courants du protestantisme, de Luther (Allemagne) à Calvin (France et Genève) en passant par Zwingli (Zurich).
La vente des indulgences
Le premier des scandales que dénonce Luther est l’abus qui est fait des indulgences. Il s’agit des aumônes que le clergé catholique a pris l’habitude de récolter contre la promesse d’un allègement des peines qui attendaient les pécheurs au Purgatoire, dans l’attente du Paradis. Ces collectes ont notamment pour but de reconstruire Saint-Pierre de Rome dans le goût fastueux de la Renaissance italienne. Tandis que les rois de France et d’Espagne, François 1er et le futur Charles Quint, se sont portés candidats au titre impérial, les indulgences sont aussi mises à profit pour rembourser les dépenses considérables qui servent à acheter les votes des sept princes électeurs d’Allemagne.
Luther dénie à l’Eglise le pouvoir d’effacer les peines dans l’au-delà et il formule là-dessus une doctrine de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique.
Considérant que les chrétiens n’ont pas besoin d’intermédiation pour aimer Dieu, il condamne la fonction cléricale et la vie monastique. Des pasteurs mariés peuvent suffire pour guider la peuple dans la lecture des Saintes Ecritures. Entre autres choses, Martin Luther réclame aussi pour l’ensemble des fidèles et pas seulement pour les prêtres le droit de communier sous les deux espèces, le pain et le vin.
Victoire amère des protestants
Occupés par l’élection impériale, les princes allemands et le Saint-Siège font traîner en longueur le procès de Luther. Pendant ce temps, ses idées se répandent comme une traînée de poudre dans le peuple et dans l’élite allemande. Lorsque enfin, en 1520, le pape Léon X le condamne et fait brûler ses 95 thèses, Luther est en mesure de résister. Il refuse de se rétracter. Mis au ban de l’Empire, il profite de la protection de l’Electeur de Saxe, justement nommé Frédéric le Sage, pour définir peu à peu le cadre d’une nouvelle religion.
A la Diète d’Augsbourg, en 1530, L’empereur Charles Quint propose un arbitrage, car il a besoin de toute la noblesse allemande pour lutter contre les Turcs et le sultan Soliman 1er. Ces derniers n’ont pas hésité à faire le siège de Vienne. Craignant pour sa vie, Martin Luther envoie à la Diète Philipp Melanchthon présenter sa profession de foi, connue sous le nom “Confession de foi d’Augsbourg“. Malgré sa modération doctrinale, les représentants catholiques de la noblesse allemande la rejettent.
Les luthériens émettent une protestation solennelle. D’où le nom de “protestants” qui sera donné dès lors à l’ensemble des chrétiens qui se détournent de l’ancienne foi catholique. Celle-ci va s’imposer rapidement dans le nord de l’Europe, non sans déchirer profondément le continent et l’Allemagne en particulier. Pour l’Allemagne, la Réformation (ou Réforme) introduite par Luther est l’équivalent de ce que fut la Révolution de 1789 en France, par ses conséquences mentales, sociales et politiques.
Fête de la Réformation
Le 31 octobre est encore commémoré par les protestants sous le nom de Fête de la Réformation. Quant à la “Confession de foi d’Augsbourg” fédèrent encore 65 millions de fidèles des églises luthériennes (encore appelés évangéliques, car partisans d’un retour à la pureté de l’Evangile), principalement en Allemagne, en Scandinave et dans les régions américaines d’immigration allemande. (National Gallery of Art, Washington).
Les 5 “Solas” de la Réforme protestante
Les Réformateurs n’avaient pas l’intention de se séparer de l’Eglise de Rome, mais avaient demandé à celle-ci de revenir aux cinq principes suivants formulés en latin et qui constituent la base même du Protestantisme évangélique et réformateur:
1) SOLI DEO GLORIA (A Dieu seul la gloire)
L’adoration n’est due qu’à Dieu seul et c’est à Lui seul que toutes prières doivent être adressées. Lui seul peut pardonner les péchés. “Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très hauts” (Luc 2:13-14).
2) SOLA SCRIPTURA (La Bible seule)
La Bible seule comme autorité unique et suffisante est une bibliothèque de soixante-six livres (66) canoniques (inspirés) : 39 pour l’Ancien Testament et 27 pour le Nouveau Testament, sans la tradition et les livres apocryphes (Judith,Tobie, 1 et 2 Maccabées, Baruch, Ecclésiastique, Sagesse, etc.) des catholiques qui sont d’origines cachées et mystérieuses qui contredisent la Bible et l’histoire. “Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre” (2 Timothée 3:16).
3) SOLUS CHRISTUS (Jésus seul)
Jésus-Christ est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. “Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme qui s’est donné lui-même en rançon pour tous” (1 Timothée 2:5-6), “Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés” (Actes 4:12).
4) SOLA GRATIA (La grâce seule)
“C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie” (Ephésiens 2:8-9). Le salut ne s’obtient pas en vertu de nos oeuvres méritoires ou d’un quelconque sacrement.
5) SOLA FIDE (La foi seule)
“Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle” (Jean 3:16), “Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné” (Marc 16:16).
La Parole de Dieu (la Bible) enseigne la justification par la foi sans les oeuvres : “…parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit: Le juste vivra par la foi” (Romains 1:17).
Pour conclure, je résume donc la Réforme Protestante dans les trois expressions suivantes :
1- EGLISE FORMÉE
2- EGLISE DÉFORMÉE
3- EGLISE RÉFORMÉE
L’Eglise formée à Jérusalem par Jésus (Matthieu 16:18), (Actes 2:37-41) (Années 30-33).
L’Eglise déformée à Rome par la prétendue conversion de l’empereur Constantin (L’an 313).
L’Eglise Réformée en Allemagne par Martin Luther. (31 octobre 1517)
N.B.- Le protestantisme a ses misères et il est prêt à le reconnaître. Les réformes qu’il a pratiquées ne sont pas sans appel. Sur certains points, nos églises ont retenu telle ou telle tradition provenant de l’Eglise romaine. Elles sont appelées constamment à se réformer elles-mêmes et à se conformer à l’enseignement de la Parole de Dieu.
Il ne faut chercher le protestantisme ni exclusivement dans les unes, ni uniquement dans les autres. C’est un arbre aux vastes rameaux qui abrite tous ceux qui ont rejeté l’autorité de Rome et qui ne reconnaissent que celle de Jésus-Christ et de sa Parole. Entre toutes ces organisations doit et peut régner un amour profond et une union sincère.
Le protestantisme est un retour au christianisme primitif. Il est fondé sur une base sûre et il doit être prêt à se réformer sans cesse à la lumière de l’Ecriture. Il compte une masse imposante de fidèles. Il est la religion de l’avenir, parce qu’il est dans sa simplicité un retour à l’Evangile de Jésus-Christ.